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La Belle Époque au féminin, onze artistes qui ont marqué l’histoire des avant-gardes

Au motif de la Journée Internationale de la Femme, nous vous présentons un article dédié à certaines artistes et créatrices de la Belle Époque qui, au fil du temps, ont été oubliées, car ce sont surtout des artistes masculins qui se sont distingués, mais qui, néanmoins, ont laissé leur empreinte dans l’histoire de l’art.

Les femmes artistes de la Belle Époque sont devenues, pour la plupart, des icônes de l’émancipation et de la liberté.

Au XIXe siècle, la nouvelle République, pourtant symbolisée par Marianne, refuse toujours tout droit civique à la femme et donc, par conséquent, qu’elle soit l’égale de l’homme. Souvent cloîtrées dans la sphère domestique, les filles d’Ève restent toute leur vie sous la tutelle de leur père ou de leur mari qui, jusqu’en 1965, pourront les autoriser, ou non, à travailler. Souvent considérées comme muses, beaucoup ont pourtant exercé la peinture et la sculpture avec beaucoup de talent. Néanmoins, les femmes n’occupent généralement qu’une petite place dans les livres et dans notre mémoire, qui a été façonnée pendant des siècles exclusivement par les hommes.

Souvent qualifiées de « grandes oubliées de l’histoire de l’art », s’interroger sur la place des femmes au sein de la sphère artistique revient finalement à réfléchir au rôle de la moitié de l’humanité dans ce domaine.

 

Les femmes artistes de la Belle Époque sont devenues, pour la plupart, des icônes d’affranchissement et de liberté. Vivant généralement de leur travail et participant à la vie mondaine parisienne, elles s’intègrent à un monde qui, à l’époque, était encore considéré comme exclusivement masculin. C’est notamment le cas de l’impressionniste Berthe Morisot qui écrira « Je n’obtiendrai mon indépendance qu’à force de persévérance et en manifestant très ouvertement l’intention de m’émanciper ». Son art, plein d’audace et de modernité, se définira par ses représentations intimistes et familiales. La femme qui signera toute sa vie ses œuvres avec son nom de jeune fille, aura aussi à cœur de représenter un thème que l’on voit peu dans l’art, celui de la paternité, comme dans l’œuvre Eugène Manet et sa fille au jardin de Bougival.

Autre modèle d’émancipation et d’autonomie, Mary Cassatt importera le mouvement impressionniste jusqu’aux Etats-Unis, où il se développera. Son succès dans son pays d’origine lui permettra d’ailleurs de récolter des fonds pour le mouvement féministe des suffragettes. Ses œuvres intimistes, illustrant des femmes fortes et confiantes, reflètent l’image qu’elle souhaite projeter. Elle décidera de garder sa liberté toute sa vie en renonçant au mariage et n’aura jamais d’enfants.

Parmi elles, distinguons aussi la fameuse sculptrice Hélène Bertaux qui, provenant d’une famille d’artiste, se battra toute sa vie pour offrir aux femmes l’accès à la formation artistique qui leur était, jusque-là, refusé. Ce combat aboutira par l’ouverture d’un atelier de modelage à Paris dédié aux sculptrices, par l’ouverture de l’École des Beaux-Arts à la gente féminine ainsi que, dès 1903, à la possibilité de participation au Prix de Rome.

La grande peintre Marie Vassilieff, élève de Matisse, suivra le pas de Bertaux en ouvrant à Montparnasse l’Académie Vassilieff, un lieu d’apprentissage et de liberté créatrice pour les artistes, hommes et femmes, venant du monde entier. Parmi ses élèves, nous retrouvons des noms tels que Chagall, Zadkine, Orloff ou encore Maria Blanchard. Véritable pionnière des avant-gardes, l’artiste russe développera un style influencé par le cubisme ainsi que par l’art primitif et naïf. Elle sera d’ailleurs très proche d’Olga Sacharoff, une artiste géorgienne arrivée à Paris au début du XXe siècle, qui se fera remarquer grâce à ses paysages aux couleurs pastel, aux traits souvent oniriques, calmes et magiques.

D’autres académies privées, telles que la Colarossi ou la Julian, seront des tremplins pour la carrière d’artistes. Parmi les plus connues, mentionnons celle qui déclarera « Je réclame la liberté à grands cris », Camille Claudel. Ses sculptures, qui tendent à projeter l’émotion pure, marqueront l’histoire de l’art par l’utilisation savante du déséquilibre, ainsi que par la violence passionnée de ses scènes, souvent en lien avec la thématique du destin auquel on ne peut échapper. Jeanne Hébuterne, autre élève de la Colarossi et décrite par ses contemporains comme une femme intelligente, avec du caractère et du talent, consacrera sa courte carrière à l’apprentissage de la lumière et de la couleur dans ses portraits et autoportraits. Outre la peinture, elle se distinguera par la photographie, la confection de bijoux et de vêtements.

D’autre figures prennent aussi du pouvoir à ce moment-là. Mentionnons par exemple les collectionneuses et mécènes Peggy Guggenheim, Helena Rubinstein, ou encore la galeriste française Berthe Weill qui deviendra l’une des plus grandes défenseuses des avant-gardes françaises. Modigliani, Picasso ou encore la célèbre Emilie Charmy, sont les artistes que « la petite mère Weill », comme l’appelait Raoul Dufy, défendra sur la scène artistique française et internationale. Cette dernière, qui laissera à la postérité un portrait de sa protectrice, se caractérisera par sa volonté de transcender « l’art féminin ». Que ce soit dans ses sujets ou dans ses compositions, Emilie Charmy marquera son œuvre par une touche franche, épaisse et élégante.

Cette période d’intense production marque aussi une rupture dans le style de représentations. Suzanne Valadon, que l’on retrouve souvent dans les œuvres d’Henri de Toulouse-Lautrec, est une peintre autodidacte qui trouvera le succès de son vivant. Elle propose une nouvelle vision de la féminité représentée dans ses œuvres, à travers le prisme d’une peintre habile, qui supprime les canons de beauté établis depuis des siècles. Ses œuvres décrivent le quotidien et le corps des femmes, souvent dans les bordels, dans leurs aspects le plus crus et le plus humains. L’artiste et portraitiste danoise Gerda Wegener, interprète la figure féminine dans son aspect le plus fort et indépendant. Illustratrice pour de célèbres magazines comme Vogue, elle est l’auteure de l’œuvre controversée, Lily, qui illustre son époux Einar Mogens, reconnu comme étant le premier homme à subir plusieurs opérations chirurgicales afin de devenir femme. Les figures féminines de couleur pastel de Marie Laurencin, feront d’elle l’une des rares représentantes du mouvement cubiste. Néanmoins, loin de suivre le chemin tracé par les artistes masculin du mouvement de l’époque, l’élève de la peintre et pastelliste Madeleine Lemaire fera la différence grâce à son esthétique élégante aux formes curvilignes.

 

Le combat pour la reconnaissance de leur travail, à un moment où la répression contre les femmes a atteint son paroxysme, fera de ces créatrices et de toutes les autres femmes non citées dans cet article, des icônes d’une époque d’intense création et de révolution esthétique.

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