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Quand l’art inspire le cinéma

Quel est le point commun entre la peinture, la photographie et le cinéma ? Ces trois domaines sont en mesure de créer des esthétiques uniques, raconter des histoires fascinantes et insuffler des émotions fortes. En effet, que ce soit pour des raisons de mémoire, d’hommage, d’admiration, ou de propagande, le besoin de laisser une marque par l’image semble constant tout au long de l’histoire.

Le XIXe siècle est le théâtre de nombreuses innovations techniques qui bouleversent profondément la pratique artistique ainsi que le regard porté sur le monde. Si la photographie permet désormais de capturer les scènes de manière instantanée, la peinture, elle, met de côté sa quête de réalisme et se met à développer des théories nouvelles sur ce que les clichés n’ont pas encore : la couleur. Parallèlement, les recherches sur les procédés visuels qui tendent à retranscrire le mouvement s’intensifient. Etienne Jules Marey invente, en 1882, la chronophotographie. Quelques années plus tard, en 1890, Thomas Edison met au jour le kinétographe. Cependant, le nom qui passera à la postérité est bien celui des frères Lumière. À l’heure où l’impressionnisme prend de la force, Auguste et Louis présentent au monde, en 1891, le cinématographe. C’est là que naît le 7è art.

Etienne Jules Marey, chronophotographie
Les frères Lumière
Thomas Edison, kinétograf

 

 

 

 

 

 

Considéré comme un nouveau support esthétique à part entière, le cinéma partage rapidement les mêmes tendances et mouvements artistiques. Certains réalisateurs rendent donc hommage, parfois de manière subtile et d’autres fois plus directement, aux grands chefs-d’œuvre artistiques.

L’expressionnisme allemand se caractérise par ses traits figuratifs aux distorsions exagérées et aux couleurs franches afin de porter les émotions représentées, telles que la peur ou l’angoisse, à leur paroxysme. Dans Le cri d’Edvard Munch, le personnage, ambigu et non genré, est presque défiguré par la terreur et l’angoisse. Ceci est souligné par les tons rouges et jaunes du ciel, synonyme de chaos. Quelques années plus tard, Friedrich Wilhelm Murnau réalise ce qui deviendra l’un des piliers du cinéma d’horreur, Nosferatu. Le film, qui met en scène un vampire, reprend l’esthétique du monstrueux, que ce soit à travers le physique inquiétant du personnage ou à travers ses valeurs morales. Les cadrages, semblables aux compositions des peintures, jouent avec l’imagination du spectateur et sous-entendent la menace que représente le comte Orlock. L’esthétique inspirée de l’expressionnisme perdure d’ailleurs dans le temps. En effet, en 1996, Wes Craven réalise le film Scream dans lequel l’assassin incarne cette énergie confuse. C’est à travers son masque emblématique que le personnage, dont l’identité est réduite à néant, inspire des émotions fortes.

Edvard Munch, Le cri, 1893
Friedrich Wilhelm Murnau, Nosferatu, 1922
Wes Craven, Scream, 1996

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Certains cinéastes s’inspirent directement des œuvres des peintres. C’est notamment le cas de Jean Renoir, fils du célèbre impressionniste Pierre Auguste Renoir. Véritable admirateur de son père, Jean ne cesse de lui rendre hommage. Dans Une partie de campagne, sorti en 1946, le réalisateur donne vie à l’œuvre La balançoire peinte en 1876. Ce même film est d’ailleurs enregistré sur les rives du Loing, une rivière qui a inspiré à l’artiste certaines de ses plus belles œuvres.

Auguste Renoir, La balançoire, 1876
Jean Renoir, Une partie de campagne, 1946

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En 2010, Martin Scorsese produit le thriller Shutter Island dans lequel un détective au passé trouble enquête sur la disparition de patients dans un hôpital psychiatrique. Le personnage principal, incarné par Leonardo DiCaprio, suscite une certaine paranoïa en raison de son état psychologique. En effet, une fois arrivé sur les lieux, il commence à voir sa défunte femme. Dans l’une des scènes, Scorsese décide de faire référence à l’œuvre Le baiser de Gustav Klimt, qui sous-entend esthétiquement le désir et l’instabilité du mariage qu’ont construit les deux personnages. L’œuvre, représentative de la Sécession Viennoise, provient de la période dorée de Klimt qui réalise ici un autoportrait auprès d’Emilie Flöge, sa muse et compagne.

Gustav Klimt, Le baiser, 1907 – 1908
Martin Scorsese, Shutter Island, 2010

 

 

 

 

 

 

 

 

L’américain Edward Hopper est aussi une source d’inspiration intense pour les cinéastes. L’œuvre Nighthawks illustre la devanture d’un café en pleine nuit. Les quatre personnages autour du bar sont placés les uns à côté des autres. Néanmoins, l’absence d’expression et la rigidité des lignes mettent en avant la distance émotionnelle entre eux, représentant ainsi un sentiment d’isolement dénué de tout espoir. Herbert Ross reprend cette composition en 1981 dans Pennies from Heaven. L’histoire, qui se déroule durant la Grande Dépression aux États-Unis, détaille la vie d’un vendeur de partitions de musique en difficulté qui lutte pour se rapprocher de ceux qui l’entourent.

Edward Hopper, Nighthawks, 1942
Herbert Ross, Pennies from Heaven, 1981

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ce désespoir est aussi perceptible dans Orange mécanique. Sorti en 1972, le film dévoile un portrait sombre de la nature humaine dans le but de déterminer les origines du mal. Alex DeLarge, le protagoniste, est emprisonné pour avoir commis des crimes sadiques. Il subit alors un traitement expérimental qui est destiné à soigner les pulsions brutales. Dans la cour de la prison, les détenus marchent sans répit en cercle, créant ainsi une atmosphère claustrophobe et déshumanisante sans fin. Vincent Van Gogh, lui, représente La ronde des prisonniers au moment où il s’est volontairement fait hospitalisé au sanatorium de Saint Rémy de Provence en 1890. L’artiste illustre, à travers sa peinture, une action qui semble perpétuelle et sans but.

Stanley Kubrick, Orange mécanique, 1972
Vincent Van Gogh, La Ronde des Prisonniers, 1890

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Diane Arbus est célèbre pour ses photographies de marginaux et de personnes hors du commun. En 1967, elle immortalise Cathleen et Colleen Wade, deux sœurs jumelles de sept ans. Le cliché, aujourd’hui devenu célèbre, n’est pas sans rappeler les deux jumelles qui hantent les couloirs de l’hôtel Overlook. Cet établissement, imaginé par Stanley Kubrick dans The Shining (1980), est le théâtre d’événements inexpliqués qui feront perdre la raison à son gardien.

Diane Arbus, Identical Twins, 1967
Stanley Kubrick, The Shining, 1980

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Si la peinture et la photographie ont été des points d’ancrage dans le domaine du cinéma, avec les nouveaux mouvements, comme le pop art, le courant s’inverse. Connu pour son style coloré et criard, cette tendance s’inspire principalement du domaine publicitaire et de la thématique de la production de masse. Ses artistes représentent, chacun à leur manière, un monde moderne et changeant à travers des images connues de tous. Marilyn Monroe et Audrey Hepburn en sont un clair exemple. Ces figures hollywoodiennes emblématiques ont fasciné les plus grands artistes du XXe siècle, comme par exemple Andy Warhol, qui a décliné leur portrait en plusieurs couleurs. De nos jours, Natan Elkanovich et Antonio de Felipe reprennent encore ces icônes dans leurs représentations. Uri Dushy, Masaya et Alec Monopoly, tous trois visibles dans l’exposition KHRÔMA. L’Univers émotionnel de la couleur, utilisent des personnages de Disney, faisant alors des personnages mondialement connus, des œuvres d’art uniques.

 

LE SAVIEZ-VOUS

  • Le réalisateur, Friedrich Wilhelm Murnau, s’est librement inspiré du roman Dracula, publié par Bram Stocker en 1897, alors qu’il n’avait pas payé les droits de reproduction. À la sortie du film, en 1922, la veuve de l’écrivain intenta un procès contre la production qu’elle remporta. Le jugement exigea alors de la production qu’elle détruise toutes les copies de Nosferatu. Cependant, cette sanction ne sera jamais appliquée.
  • Le Cri, qu’Edvard Munch a peint en 1895, a été vendu aux enchères en 2012 pour 120 millions de dollars. Cet événement lui a octroyé le titre d’œuvre la plus chère du monde. Ce titre lui sera enlevé l’année suivante, lors de la vente de Three Studies of Lucian Freud de Francis Bacon.
  • Deux des quatre versions du Cri ont été volées. La première en 1994 à la Galerie Nationale d’Oslo et la seconde en 2004 au Munch Museum dans la même ville. Ils ont aujourd’hui été retrouvés.
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