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Entre copistes et faussaires, il n’y a qu’un pas !

Le début de la création artistique a automatiquement donné le pas à la notion de copie. Néanmoins, pourquoi l’art tourne-t-il tant autour du concept de l’authenticité ?

Le fait est que chaque œuvre d’art est l’expression unique d’un talent créatif individuel et est le résultat d’un contexte personnel, historique et culturel précis. Alors que les copies sont des reproductions fidèles de pièces exécutées sans intention frauduleuse, les contrefaçons, même si elles sont esthétiques ou techniquement surprenantes, ont pour but de tromper et peuvent causer des perturbations tant au niveau du marché de l’art que dans le domaine académique. De facto, la contrefaçon est une création présentée comme l’œuvre d’un artiste alors qu’elle est en fait de la main d’un autre.

C’est entre ces deux concepts que se trouve la thématique complexe de l’authenticité dans l’art. En effet, si cette notion a évolué tout au long de l’histoire, parallèlement au développement du statut de l’artiste, elle est aujourd’hui fermement contrôlée selon des critères précis. Parmi eux, la signature deviendra un élément capital pour déterminer l’authenticité d’une œuvre.

Entre le licite et l’illicite, la copie est largement encadrée par la législation. Avec l’ouverture des grands musées à partir du XVIIIe siècle, les artistes, professeurs et élèves en art obtiennent des autorisations officielles pour poser leurs chevalets devant les œuvres des grands maîtres dans le but de s’exercer. Ces œuvres ne peuvent donc en aucun cas être confondues avec les œuvres originales, mais acquièrent un titre de création originale exécutées « dans le goût de » ou de « copie d’après ».

A contrario, la contrefaçon, échappe totalement à l’encadrement juridique et est considérée, finalement, comme une forme d’usurpation d’identité ainsi qu’à une attaque à la propriété intellectuelle. L’histoire compte d’ailleurs un grand nombre de faussaires qui, grâce à une organisation parfaitement établie, ont réussi à faire fortune avant d’être rattrapés par la justice.

Parmi les plus célèbres, mentionnons Han van Meegeren. Ce faussaire, célèbre pour ses contrefaçons de Johannes Vermeer, échappera de peu à la peine de mort au Pays-Bas en raison de la vente de copies, alors considérées comme trésors nationaux, du maître flamand à l’ennemi allemand pendant la Seconde Guerre Mondiale. Afin d’échapper à la peine capitale, Meengeren avouera son délit et devra le prouver en confectionnant une autre contrefaçon en prison devant des témoins.

Dans les années 1960 et 1970, Fernand Legros vendra de fausses toiles de Modigliani, Matisse et Picasso à des milliardaires américains en obtenant des certificats d’authenticité auprès d’experts et des familles des artistes. Un peu plus tard, dans les années 1980 et 1990, John Myatt et John Drewe ne vendront pas moins de 200 contrefaçons d’artistes modernes en modifiant les archives des musées, leur inventant alors des pédigrés.

La falsification ne touche d’ailleurs pas uniquement la peinture, mais bien tous les objets d’art. En témoigne le cas de l’anglais Shaun Greenhalgh. Ce dernier fabriquait des céramiques, des peintures et des pièces d’orfèvrerie inspirés du style médiéval et de l’Antiquité. Il finit par vendre presque 120 pièces. L’une de ses œuvres trônera d’ailleurs parmi les œuvres maîtresses de l’Art Institute de Chicago. Après 17 ans d’activité, c’est une petite erreur sur un bas-relief assyrien qui finira par mettre la puce à l’oreille de Scotland Yard. Shaun sera arrêté et condamné à 4 ans de prison.

David Stein est aussi un bon exemple. Il passera sa vie à échapper à ses créanciers et à la justice. Le faussaire fera des copies de ses contemporains tels que Picasso, Matisse, Klee ou encore Chagall. C’est ce dernier qui mettra à jour l’escroquerie. Alors que l’artiste Biélorusse se rend à New York en 1966, il repère une œuvre signée de son nom qu’il n’a jamais peinte.

Stein fera 4 ans de prison et revendiquera même la paternité de l’œuvre Superman, soi-disant signée par Andy Warhol, qui a été exposé au MoMa.

En somme, au-delà de l’aspect financier, le faussaire apparaît à partir du moment où l’artiste qu’il copie s’associe à une forme de génie et, sa signature, à un témoignage de la présence ou du rapprochement vers cette icône créatrice.

 

  • D’autres faussaires à découvrir !

Wolfgang et Hélène Beltracchi, Guy Ribes, Yves Chaudron, Bill Pallot et Bruno Desnoues, Tom Keating

 

Le saviez-vous ?

  • Au XIXe siècle, il y avait tant de copistes dans les musées qu’il était impossible pour les visiteurs de circuler entre les œuvres.
  • Sous la Monarchie de Juillet au XIXe siècle, 30% des copistes que l’on retrouvait dans les musées parisiens étaient des femmes, soit 1 copiste sur 5.
  • De nos jours, le musée du Louvre n’offre que 90 places de copistes. Pour obtenir une autorisation, les candidats doivent présenter un dossier complet ainsi que des dessins préparatoires au conservateur du musée.
  • Les copistes ont pour obligation d’utiliser un format 1/5ème plus grand ou plus petit que celui de l’œuvre originale qu’il s’apprêtent à copier.

 

  • Une rumeur évoque depuis des années que de nombreux tableaux du musée de l’Hermitage de Saint Pétersbourg seraient des faux. Les originaux auraient été vendus à des collectionneurs privés au moment de l’effondrement de l’Union-Soviétique. Néanmoins, aucune preuve ne confirme ces accusations.
  • Depuis plusieurs années, de nombreuse exposition de fausses œuvres sont présentées au public comme un domaine faisant partie de l’histoire de l’art.
  • Aujourd’hui, il est plus difficile de faire des contrefaçons des grands maîtres. C’est pour cela que les faussaires, dans un souci de discrétion, se concentrent sur des artistes moins connus.
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