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Ces œuvres qui sont réapparues dans l’histoire de l’art

Qui n’a jamais rêvé de retrouver, au fond de sa cave, un trésor délaissé de tous ?

Ces oeuvres oubliées de l’histoire de l’art puis redécouvertes, ont à chaque fois créé la stupeur sur la scène artistique internationale, provocant l’exaltation des plus grands collectionneurs et galeristes et atteignant des records dans les salles de vente aux enchères. Quelles sont ces créations qui sont réapparues, après des décennies et parfois même des siècles, dans nos mémoires et nos archives ?

Raden Saleh (1811 – 1880), est un peintre indonésien qui a passé de nombreuses années en Europe, et plus particulièrement aux Pays-Bas, qui est alors la puissance coloniale à laquelle est soumise l’Indonésie. Profondément influencé par le Romantisme, l’artiste illustrera de nombreuses scènes de chasse, parmi lesquelles on compte Chasse au taureau sauvage, peinte en 1855. Commandée par un marchand français expatrié à Jakarta, l’œuvre suit son propriétaire en France, où elle sera vendue aux enchères en 1859. Elle ne réapparaîtra qu’au XXIe siècle, dans la cave d’une maison dans le Morbihan, et sera vendue en 2018 à des acheteurs indonésiens pour 7, 2 millions d’euros.

Raden Saleh, La chasse au taureau sauvage, 1855

Un an avant, en 2017, c’est l’œuvre Julia, peinte en 1914 par l’anglais John William Godward (1861 – 1922), qui est vendue pour 740 mille dollars. L’artiste néoclassique, connu pour son tempérament timide et discret, connaîtra un franc succès de son vivant. Cependant, son concubinage avec l’une de ses modèles ne sera jamais accepté par sa famille qui le reniera. Expatrié en Italie, il revient en Angleterre en 1921 et met fin à ses jours un an plus tard. Sa famille, honteuse de cette fin tragique, brûlera de nombreux documents appartenant à l’artiste, dont il ne nous reste qu’une seule photo. Aux côtés de son corps, John William Godward laissera un mot disant : « le monde n’est pas assez grand pour moi et pour un Picasso ».

John William Godward, Julia, 1914

L’expressionniste américain Jackson Pollock a, lui aussi, déchaîné les passions. Né en 1912, Pollock est, dès son plus jeune âge, sujet à de nombreuses angoisses ainsi qu’à des problèmes de discipline. Addicte à l’alcool, la création artistique représentera, jusqu’à sa mort en 1956 dans un accident de voiture, un véritable exutoire. C’est lors du déménagement d’un vieux couple aux Etats-Unis, en 2015, que les experts découvrent, au fond du garage, une gouache sans titre de l’artiste américain, aux côtés d’autres tableaux de Kenneth Noland, Jules Olitski et Lora Kelley Ward. Le propriétaire en a hérité en 1993, à la mort de sa demi-sœur, Jenifer Gordon, qui était connue des groupes mondains new-yorkais. Elle était notamment proche de Peggy Guggenheim. Cette œuvre est aujourd’hui estimée à 15 millions de dollars.

En mars 2023, Pollock fait encore parler de lui. Lors d’une enquête pour le démantèlement d’un trafic d’œuvres entre la Grèce et la Bulgarie, une peinture portant son nom est authentifiée par la Galerie nationale des Beaux-Arts de Sofia. Au dos de cette dernière, la signature de l’ancien dictateur roumain Nicolae Ceausescu est retrouvée, indiquant qu’elle aurait fait partie de sa collection privée. Bien que son authentification ne soit pas reconnue internationalement, cette œuvre pourrait être estimée à 54 millions de dollars.

Avez-vous déjà entendu parler du mystère le Nain ? Nés entre 1593 et 1607, les trois frères Antoine, Louis et Mathieu le Nain, ont pour particularité d’avoir été de grands peintres. En 1630, ils travaillent dans l’atelier de Saint-Germain-des-Prés dans lequel seul Antoine est nommé maître. Cela ne les empêchera pas d’entamer une collaboration qui durera une vingtaine d’années, jusqu’à la mort d’Antoine et de Louis en 1648. Les œuvres des trois frères sont alors signées par le seul patronyme : le Nain, ce qui rendra l’authentification difficile pour les experts, qui ont pour la plupart essayé de démêler les différentes mains sur les toiles. En 2017, en Vendée, une septuagénaire contacte deux commissaires-priseurs pour identifier une œuvre illustrant un Jésus enfant, offerte à la cliente dans les années 1950 par sa grand-mère. Ayant été restaurée quelques années plus tôt, la propriétaire pensait qu’il s’agissait de la création d’un peintre anglais en raison du type de châssis utilisé. Cependant, elle finit par être authentifiée avec certitude et sera vendue à un collectionneur privé anonyme pour 3,6 millions de dollars. L’œuvre est aussi classée Trésor National par le ministère de la Culture français.

Le Nain, Le Christ enfant méditant sur la Crucifixion, 1640 – 1642

Surnommé le « peintre des peintres » par Manet, Diego Velázquez est l’un des génies du baroque sévillan. Son œuvre, L’éducation de la Vierge, est retrouvée dans les réserves de l’Université de Yale et est authentifiée après 8 ans de restauration.

Diego Velazquez, L’éducation de la Vierge, 1617 

Autre chef-d’œuvre retrouvé, Le patient inconscient, du célèbre Rembrandt, exécuté lorsqu’il n’était encore qu’un adolescent. Cette peinture fait partie d’une série illustrant les 5 sens et représente une femme portant un mouchoir imbibé de sels odorants au nez d’un homme qui s’est évanoui. Retrouvée dans une cave du New Jersey, l’œuvre n’est pas directement identifiée. En effet, elle a été agrandie au XVIIIe siècle et ses bordures ont été assombries. Sa restauration a cependant mis au jour l’abréviation RHF, signifiant Rembrandt Harmensz fecit, qui veut dire : fait par Rembrandt.  L’œuvre a été estimée, pour une vente, à 3 – 4 millions de dollars.

Rembrandt, Le patient inconscient, 1624 – 1625

Artemesia Gentileschi créé aussi l’émotion lorsque son œuvre Lucrèce (c. 1630), est découverte dans un appartement lyonnais, dans lequel il était depuis plus de 40 ans. Son état de conservation exceptionnel est le témoignage de la carrière brillante de cette femme qui, au XVIIe siècle, était largement reconnue par ses contemporains. L’œuvre a été vendue en 2017 pour 4, 8 millions de dollars. Gentileschi a pourtant été oubliée pendant près de deux siècles, avant d’être redécouverte dans les années 1900.

Artemesia Gentileschi, Lucrèce, c. 1630

Poursuivons avec le XVIIe siècle. En Italie, le célèbre Caravage développe sa technique inégalée du clair-obscur. C’est grâce à cette caractéristique que ses œuvres seront reconnues internationalement. Judith décapitant Holopherne, réalisée en 1607, en fait partie. Redécouverte en 2014 non loin de Toulouse, après une disparition de près d’un siècle, les experts s’émerveillent devant cette œuvre, qui est estimée à 120 millions d’euros.

Le Caravage, Judith décapitant Holopherne, 1607

C’est en 1888 que Vincent Van Gogh peint le Coucher de soleil à Montmajour, alors qu’il séjourne à Arles, dans le sud de la France. Vendue une première fois en 1908, l’œuvre refait surface en 2013, dans un grenier norvégien. Son authentification par le musée Van Gogh a été aidée par une lettre de l’artiste, datée de 1888, dans laquelle il décrit ce tableau. D’après l’International Business Time, l’œuvre serait estimée à 50 millions de dollars.

Vinvent Van Gogh, Coucher de soleil à Montmajour, 1888

Finalement, mentionnons l’œuvre qui a atteint des records. Le Salavator Mundi, attribué à Léonard de Vinci, a été remporté pour 450 millions de dollars chez Christie’s a New York, par le prince saoudien Mohammed Ben Salman. C’est en 2005 qu’un chasseur « d’œuvres dormantes » nommé Alexander Parish, redécouvre cette peinture dans une petite salle de vente aux enchères en Nouvelle-Orléans. Promue comme une œuvre « d’après Léonard de Vinci », elle est alors vendue pour moins de 10 000 euros ». Lors de sa restauration, on remarque des détails troublants, notamment un repentir sur le pouce du Christ, réfutant ainsi la théorie de la copie. Une empreinte de la paume gauche, sur l’arcade sourcilière, atteste que le peintre était certainement gaucher, comme le maître italien. Par ailleurs, la maîtrise de la technique du sfumato, caractéristique de de Vinci, est ici parfaite.

Léonard de Vinci, Salvator Mundi, 1490 – 1500

 

LE SAVIEZ-VOUS …

  • Un Trésor National est un bien culturel présentant un intérêt majeur pour le patrimoine français d’un point de vue historique, artistique ou archéologique. Une œuvre est généralement classée lorsqu’il y a un refus de certificat d’exportation, qui empêche temporairement la sortie du territoire du bien (30 mois). Pendant cette période, les musées ou les acquéreurs peuvent faire des propositions pour l’acheter.
  • De nos jours, l’œuvre relative au goût de Rembrandt est encore portée disparue.
  • Un chasseur « d’œuvres dormantes » est une personne qui déniche des peintures et des sculptures sous-estimées et dont l’authentification n’est généralement pas correcte lors des ventes aux enchères.
  • Le sfumato est une technique picturale inventée par Léonard de Vinci, qui donne un effet vaporeux aux peintures en noyant les contours dans un effet de fumé.
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